Présentation
chirurgien

Ce n’est que tardivement durant mes études de médecine que j’ai souhaité m’orienter vers la chirurgie. Mes premiers goûts en matière médicale allaient plus vers la cardiologie et la médecine du sport. C’est en doctorat lors de mes premiers cours d’orthopédie que le goût de la chirurgie m’est venu. Les exceptionnelles qualités pédagogiques du professeur Blaimont n’y sont bien entendu pas pour rien.

Est ensuite arrivée l’heure des premiers stages cliniques. J’ai eu l’opportunité de choisir mes deux premiers stages dans mes disciplines de prédilection : la cardiologie et la chirurgie. J’ai rapidement été fixé sur ma préférence: la chirurgie. C’est lors d’un premier stage en chirurgie au CHU Tivoli de La Louvière que j’ai eu mon premier contact avec ma future discipline : la chirurgie cardiaque. Invité par l’anesthésiste à « venir voir » ma première intervention de chirurgie cardiaque, j’ai eu l’opportunité d’y rencontrer pour la première fois le professeur Georges Primo.

Je connaissais bien entendu de réputation cet éminent chirurgien cardiaque qui avait réalisé la première transplantation cardiaque en Belgique. C’était en 1973 : j’avais tout juste cinq ans. Je savais aussi qu’il avait été un des premiers en Europe à réaliser une transplantation cœur-poumon en 1983. Accédant à l’éméritat en 1989, il avait alors relevé le défi de lancer un programme de chirurgie cardiaque à La Louvière. Nous étions en septembre 1990. Arrivant en début d’intervention, je me rendis discrètement à « la tête du patient » pensant ne pas avoir été remarqué.

Un silence total régnait dans la salle, hormis le rythme cardiaque du patient émis par le monitoring peropératoire. Concentré à sa tâche et sans l’interrompre, le Pr Primo s’adressa à moi. Force est de constater que malgré mes pas de Sioux et mon silence total, j’avais été « capté » ! « Tu t’es déjà brossé ? » me demanda-t-il sans plus de forme. « Oui » répondis-je tout aussi sobrement. « Alors va te brosser et viens m’assister ». Débutant mon second doctorat et ayant en tout et pour tout deux mois et demi de stage derrière moi, j’avais effectivement appris à me brosser lors des gardes de mon premier stage à Ixelles et réitéré le geste de nombreuses fois depuis le début de ce stage de chirurgie. J’avoue avoir été sidéré de cette demande, mais j’avais bien compris qu’il n’y avait aucune place à la tergiversation.

J’allais dans le « sas de brossage » attenant à la salle et effectuai avec concentration les gestes du « brossage ». De retour dans la salle, on m’habilla et je me rendis face à celui que je considérais (c’est toujours le cas…) comme un monument de la chirurgie de notre pays et bien au-delà. Assisté par le premier des profanes en la matière, il réalisa alors sous mes yeux un geste de remplacement de la valve aortique. Sachant exactement ce qu’il attendait de moi, il m’aida par des injonctions précises à l’assister. Je n’ai aucun mérite à avoir effectué cette tâche, si ce n’est celle d’être resté concentré tout le temps de l’intervention (il est vrai que j’aurais pu tomber dans les pommes…).

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J’ai simplement fait de mon mieux pour effectuer les tâches qu’il attendait de ma part et me décrivait avec précision. Ce souvenir reste en moi comme si je venais de le vivre il y a cinq minutes. Je n’ai par la suite cessé de garder dans un coin de ma tête le rêve d’avoir peut-être un jour l’opportunité de faire ce métier. Au fil des stages, mon souhait de rester en contact avec la cardiologie s’est renforcé. Avec toujours quelque–part le rêve de la chirurgie cardiaque… Mais quel long chemin pour y parvenir, sans aucune certitude étant donné les multiples sélections qu’il faut traverser.

Il fallait terminer sa médecine en bon ordre pour pouvoir être intégré aux candidats spécialistes en chirurgie. Ensuite, finir sa chirurgie avec suffisamment de bagages pour pouvoir revendiquer une place de résident dans un service de chirurgie cardiaque de notre réseau: Erasme ou Brugmann / HUDE-RF à l’époque. Un candidat pris tous les 4 à 6 ans, les places étaient chères et le doute d’en obtenir une à l’arrivée d’autant plus grand. Du coup, pas de quoi faire des plans sur la comète et se fermer d’autres horizons potentiels, nous verrons bien en temps utile.

C’est en début de dernière année que j’ai eu l’opportunité de réaliser un stage dédié exclusivement à la chirurgie cardiaque chez le Pr J.-L. Leclerc à l’Hôpital Erasme. Au contact des services universitaires durant mes stages de doctorat, mon intérêt pour la recherche appliquée en physiologie cardio-pulmonaire devenait de plus en plus grand. J’ai alors eu l’opportunité sous le conseil et le soutien du Pr J.-L. Leclerc d’intégrer le laboratoire de physiologie de notre Faculté sous la direction du Pr R. Naeije. C’est dans ce laboratoire que je finirai mes six derniers lois de mes études de médecine. Au décours de cette dernière année, j’ai été « sélectionné » pour effectuer une formation de chirurgie « générale ». Etant resté en contact avec le Pr Leclerc, nous établissons mon plan de stage pour effectuer les deux dernières années ma formation de chirurgie (6 années) proche de son service à l’Hôpital Erasme. Après une première année au CHU Tivoli, c’est au CHU Brugmann que je fais ma seconde. C’est là que je rencontre mon maître de stage le Pr F.E. Deuvaert qui est aussi le chef de service de chirurgie cardiaque du CHU Brugmann et de l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (HUDE-RF). Durant cette année, j’effectue 4 mois dans son service de chirurgie cardiaque qui traite des patients adultes, mais aussi pédiatriques. Je suis très impressionné par la chirurgie des malformations congénitales cardiaques qui est très variée. C’est aussi une chirurgie très lourde et exigeante. Mes troisième et quatrième années sont faites à l’Hôpital Molière chez le Dr J.-P. Debaize. C’est lui qui assurera le plus gros de ma formation en chirurgie générale (digestive, vasculaire et thoracique). C’est là, fort de mon expérience clinique et au laboratoire que j’effectue mes premières gardes aux Soins Intensifs. J’en ferai durant plus de quatre années.

Vient alors le temps de regagner l’Hôpital Erasme et entre-autres le service de chirurgie cardiaque du Pr J.L. Leclerc. C’est l’occasion pour moi de réintégrer le laboratoire de physiologie du Pr Naeije. Ma sixième année est transformée en année de recherche. Celle-ci devait durer deux années après renouvellement et clôturer ma formation de chirurgien. C’est durant cette première année que le Pr Deuvaert me contacte pour intégrer son équipe. Le courant était manifestement bien passé durant mon stage de seconde année. Et dans les deux sens: c’est OK, j’intègrerai son équipe! Je finis cette première année de recherche et reviens à la clinique dans son service. La rédaction de ma thèse se fera après les journées d’activité clinique, ou les temps morts des gardes. Je me consacre d’emblée à l’activité tant sur le CHUB et les patients adultes, que sur l’HUDE-RF et les enfants. Les journées sont très chargées, le labo est loin: ma thèse n’avance pas aussi vite que souhaité. Mais il faut assumer mon choix. Je veux avant tout être clinicien, pas chercheur. Alors priorité à la clinique, mais on ne lâche rien pour autant ! C’est finalement en 2004 que mon travail de thèse est défendu avec succès. Durant ces années, mon activité clinique n’a jamais cessé d’être intense, à de rares courtes périodes près destinées à des reprises d’activité au laboratoire.

Ma formation s’est tout d’abord orientée vers la chirurgie valvulaire, aortique, puis mitrale et enfin tricuspide avant de les combiner sous forme d’interventions multi-valvulaires. Ce sont ensuite très rapidement les pontages coronariens qui seront maîtrisés. Durant cette période, j’effectue également bon nombre d’assistances en pédiatrie. Je commence alors à effectuer les interventions sur des patients adultes souffrant de malformations cardiaques de naissance, ayant déjà ou non fait l’objet de chirurgies. Enfin, c’est la pratique de la chirurgie des enfants à laquelle je dois me soumettre. Il me faudra plusieurs années pour gagner mon autonomie. Parallèlement, je gravis les différents échelons de ces structures pyramidales qui caractérisent les service universitaires.